Où donc va le vin français?
Lu dans www.advalvas.be, journal internet belge
La guerre gastronomique entre la France et l'Angleterre durera plus
de cent ans. Dernière bataille en date, celle d'un chef vedette
outre-Manche contre la réputation des vins français.
Rick Stein, le Joël Robuchon britannique, a passé trois mois chez
les mangeurs de grenouilles pour les besoins de son émission culinaire
'A French Odissey'. De retour au pays, il n'a pas hésité à faire part
au Telegraph de sa déception quant à la qualité des vins français.
Les pays nouveaux sont arrivés
Bien sûr, le manger est d'une qualité exceptionnelle en France, mais en ce qui concerne le boire... On trouve un meilleur choix dans un supermarché britannique que dans un grand restaurant français, affirme Stein. Pour un vin de qualité, il y en a dix mauvais.
Attention, le chef ne veut pas se fâcher avec la France, il maintient
que les meilleurs vins français sont toujours les meilleurs vins du
monde. Les consommateurs britanniques sont de plus en plus enclins à
boire des vins du monde, délaissant les productions européennes et
françaises en particulier. Vignobles à la mode: l'Australie et la
Nouvelle Zélande.
Ces têtus de Français
Ce qui perd la France, c'est son entêtement à ne consommer que sa
propre production. Si les Français se donnaient la peine de titiller
leurs palais avec des vins étrangers, ils se rendraient compte de la
qualité de ces derniers et cela les pousserait à améliorer leur
production dans un esprit de compétition. « Les Français restent
obstinément attachés à leur production et, bien qu'elle soit la
meilleure, ils passent totalement à côté de ces vins australiens,
néozélandais et chiliens qu'ils pourraient apprécier », se plaint Rick Stein.[...]
Les Français ont un sens du terroir inégalé.
Désireux de redorer le blason de la gastronomie britannique, Stein
s'est également intéressé aux spécialités régionales françaises. Une
chose l'a particulièrement frappé: l'art qu'ont les Français de mettre
leur gastronomie locale en valeur. « Les Français chantent leur cuisine régionale tandis qu'à mon avis, nous (les Anglais) déprécions exagérément la nôtre », remarque Stein. «
Un ragoût du Lancashire bien préparé ou un cawl gallois (bouillon de
poulet et de légumes) est au moins équivalent à un cassoulet ou une
poule au pot. »
Mais rendons à César ce qui est à César, la France dispose de produits alimentaires de meilleure qualité sur les marchés et la population est plus responsable dans sa consommation à table et en ce qui concerne l'alcool. Ils prennent également le temps de déguster leurs repas. C'est ce sens du terroir qui fait la force de la cuisine française. Impossible de dénicher un Bordeaux, et à fortiori un vin chilien ou australien, dans un petit village du Beaujolais. Mais la production locale accompagne idéalement la gastronomie du cru. C'est l'élaboration commune des plats et des vins sur des centaines d'années qui les rend si complémentaires et si savoureux.
- Gus -